Dans une tribune libre parvenue à la Rédaction de Gabon Mail (GM), le Pasteur César Boutimba Dietha, par ailleurs Aumônier international et Juge de Paix, analyse l’ère de la sobriété médiatique de la classe politique nationale. Lecture !
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Depuis plusieurs mois la presse internationale constate le black-out général des politiques gabonais envers leurs correspondants. Lire aussi : Coupe du monde au Qatar (1ère partie) : Attention aux viols gare à la justice misogyne
Le 19 mai 2022, Jeune Afrique écrivait ceci dans son introduction sur Steeve Ndzegho Diecko: “Il est rare, par les temps qui courent, qu’un journaliste étranger soit accueilli de bonne grâce dans les bureaux cossus de la capitale (…) plus [le pouvoir exécutif] débauche les cadres [de l’opposition gabonaise] pour les intégrer qui au gouvernement, qui au Haut-Commissariat de la République, plus les politiques se « bunkérisent »”. En français facile, les ministres gabonais esquivent les plateaux télé, les cadres du PDG évitent le tape-à-l’œil, les parlementaires ne répondent pas aux invitations des attachés de presse, et même les opposants redevenus pédégistes s’abstiennent de ramener leurs citrons devant les micros.
Aujourd’hui les seuls gouvernants qui s’expriment publiquement, au plan médiatique, au Gabon sont le secrétaire général du PDG, le porte-parole de la présidence de la République et celui du gouvernement. Probablement une consigne du parti.
En contrepartie le secrétariat exécutif du PDG prépare ses activistes pour les prochaines élections. D’abord à travers un camp des militants dans chaque fédération, ensuite au moyen des congrès provinciaux qu’il tiendra cette première semaine de décembre, et enfin par son congrès national prévu avant les fêtes de fin d’année.
En face, la donne est modérément nuancée, c’est la sobriété médiatique. Oui, les chefs de partis d’opposition vont devant les médias, mais la chaleur politique n’est pas identique à celles des précampagnes de 2009 et 2015. Ce qui a le don d’agacer le maître des arènes appelé Bertrand Zibi Abeghe.
Fraîchement sorti de six longues années de bagne, l’ex député du Haut Ntem n’est pas encore passé devant la presse nationale et internationale, mais il utilise déjà les réseaux sociaux pour inciter Jean Ping à préciser ses intentions personnelles pour la future consultation présidentielle car la sobriété médiatique est très lourde. Il faut dire que le catholique pratiquant a payé le prix fort depuis le 31 août 2016, en lieu et place du frère cadet de Pierre Louis Agondjo Okawé et Joseph Rendjambé Issani. Un sacrifice qui lui donne toute la légitimité de réclamer des clarifications au président de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR).
Actuellement, le tribun parcourt les continents à la manière d’un routard, pour raviver le feu sacré de la diaspora que Maître Fabien Méré a laissé orpheline depuis sa disparition.
Depuis l’interpellation médiatique de Bertrand Zibi, l’ancien président de l’Assemblée Générale des Nations Unies est toujours silencieux, ce qui alimente les suspicions des pro et des anti-Zibi. Pour les uns, l’ancien capiste des années 1990 est un nouvel infiltré du pouvoir; pour les autres, l’ex détenu politique de 2016-2022 est le nouveau candidat naturel de l’opposition que des jaloux voudraient neutraliser. Mais lui-même se déclare un soldat très loyal du Général Jean Ping. Autrement dit: « je bouge avec son autorisation et je ne ferai rien sans sa bénédiction ». Tout ceci confirme un proverbe nzebi: « Lebamba va tsombo na muduti ». La liane en bordure de piste a été traînée là par quelqu’un.
Libreville, le 30 novembre 2022
Philippe César Boutimba Dietha