Ce mardi 11 octobre 2022, s’est tenue la cérémonie officielle du lancement de la Mission d’Evaluation ciblée de l’Union des Comores sur les changements anticonstitutionnels de Gouvernements, une émanation de l’Union Africaine à travers le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) dans le cadre du rapport sur la gouvernance africaine 2023.
Le Gabon, pays membre de l’Union Africaine et donc du MAEP, peut se féliciter, car il n’a jamais connu de véritables changements anticonstitutionnels, sauf dans la nuit du 17 au 18 février 1964. En effet, dans son exercice du pouvoir, feu Président Léon Mba avait dissout l’Assemblée nationale et l’UDSG de Jean Hilaire Aubame (Union Démocratique et Socialiste Gabonaise) au profit du BDG (Bloc Démocratique Gabonais). Par là, il va instaurer le parti unique et l’adoption d’une constitution donnant pleins pouvoirs au Président de la République. Ne pouvant pas digérer cet acte de Léon Mba bien qu’il soit ministre des Affaires Étrangères à l’époque, Jean Hilaire Aubame sera le principal instigateur de l’arrestation de Léon Mba par les militaires. Mais un jour plus tard, l’armée française va intervenir en rétablissant l’ordre et Jean Hilaire Aubame sera condamné à 10 ans de travaux forcés.
Par ailleurs, lors du décès du Président Omar Bongo Ondimba en 2009, une transition démocratique s’est faite dans les normes avec Présidente Rose Francine Rogombe.
Cet exemple, qui n’a pas été comme d’autres changements anticonstitutionnels, peut donc faire école aux autres Etats de l’Afrique qui doivent aujourd’hui prendre conscience que la prise de pouvoir par la force reste un acte condamnable. Aussi, le fait d’avoir enfermé Jean Hilaire Aubame à 10 ans de travaux forcés est également un bel exemple à appliquer au lieu de souvent se mettre sur la table de négociation avec certains groupes non représentatifs du peuple.
Ce dernier point doit être abordé, je le souhaite, lors du 5e séminaire sur la gouvernance en Afrique qui va se dérouler cette fin du mois d’octobre 2022. Doit-on toujours conjuguer avec tout pouvoir illégal en Afrique ?
Enfin, notre pays gagnerait à lancer une évaluation à travers ce mécanisme afin d’avoir une vue d’ensemble sur sa gouvernance dans tous les domaines pour mieux connaitre le ressenti du peuple. Ceci, en ayant des rencontres de partage d’expériences avec d’autres pays comme le Rwanda et ensuite les mettre en application, donner plus de responsabilité au leadership positif dans les administrations et autres institutions, promouvoir l’adoption des normes culturelles et coutumières pour assainir la mentalité gabonaise dans le cadre d’une meilleure gestion.
Il faut toutefois souligner que l’intérêt de l’évaluation réside dans le fait que ce processus confère aux Etats un label de qualité en matière de bonne gouvernance en ce sens qu’elle améliore leur note auprès des agences de notation de crédit et renforce la confiance des investisseurs.
Par Marie-Claude Ngningone Ateme, Historienne des Relations Internationales.