Image illustrative de la Justice/Image libre Pixabay
Ce 10 octobre 2020, les parachutistes ont célébré la fête de leur saint patron, Saint Michel, en présence du Président de la République, chef suprême des armées, Ali Bongo Ondimba, sauf qu’à la suite de cette célébration une vidéo montrant les militaires de la Garde Républicaine fêter sans respect des mesures barrières anti Covid-19, vient rompre avec l’égalité de tous devant la loi y compris en situation d’état d’urgence. Pour preuve, les églises demeurent fermées depuis plus de six (7) mois demandant à réouvrir leurs portes, ce que le gouvernement refuse catégoriquement d’entendre d’une oreille donnant lieu à ce qui ressemblerait à un bras de fer. L’opinion nationale ne comprend pas que des pays plus affectés que le Gabon, ont réouvert leurs lieux de culte depuis plusieurs mois.
Tous les citoyens devraient être égaux devant la loi
Le Gabon qui est signataire de plusieurs conventions et traités internationaux insérés dans son corpus constitutionnel sur l’égalité de tous devant la loi semble désormais interpréter ces textes sous le prisme de la qualité de ses rapports avec les différents groupes repartis sur son territoire au nom d’un état d’urgence à géométrie variable. Or, l’existence même de ces groupes est avant tout constitutionnelle ; ”pacta sunt servanda”, c’est-à-dire ”les conventions doivent être respectées”.
Si les autorités veulent être ”légalistes et justes” aux yeux de tous les citoyens, même en situation d’état d’urgence, les églises fermées depuis sept (7) mois devraient réouvrir parce que c’est avant tout un droit constitutionnel tel que prescrit dans la constitution gabonaise. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 26 Juin 1981 faisant partie de ce dispositif constitutionnel, dans son article 8 dispose que « La Liberté de conscience, la profession et la pratique Libre de la religion, sont garanties. Sous réserve de l’ordre public, nul ne peut être l’objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ces Libertés ».
Au regard du prolongement de l’état d’urgence toujours ayant pour corolaire la seule fermeture des lieux de culte, le gouvernement sans le dire envoie un message dénudé de toute ambigüité à la communauté chrétienne qui représente près de 80% de la population gabonaise du peu d’intérêt qu’il accorderait à sa contribution aux efforts de la lutte contre la Covid-19.
Loin de faire un procès d’intention aux dirigeants mais comment comprendre cette insistance à vouloir bâillonner l’église lorsqu’un pays comme l’Afrique du Sud le plus atteint d’Afrique, avec 672.572 personnes infectées et 16.667 morts, selon les chiffres de l’OMS, a réouvert ses lieux de culte un mois après le confinement général ?
Comme tout citoyen conscient du rôle de nos forces de défense et de sécurité, on ne saurait fermer les yeux sur le non-respect des mesures barrières, exigées et surtout imposées à certains groupes de citoyens, mais pas à d’autres. C’est le message véhiculé par la grande muette qui a soulevé son Commandant en Chef OLIGUI NGUEMA comme un dieu sans respect des mesures barrières ou lorsque les résultats, toujours de la même Garde Républicaine, sont sortis sans respect des mêmes mesures. Acquiescer cela, sans le dire, crée une rupture nette de l’égalité de tous devant la loi de l’état d’urgence.
Il ne saurait exister dans un pays deux catégories de citoyens face à l’application de la loi sur l’état d’urgence car cela pourrait être une source d’implosion inutile à notre pays.
Il faut rappeler qu’à cette cérémonie le dispositif de l’exécutif s’affichait au complet : le Président de la République, Ali Bongo, et Mme le Premier Ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, y compris le Ministre de la Défense.
L’église n’est pas l’adversaire des gouvernants
Les églises participent au bien-être d’une nation ne serait que sur l’éducation inculquée à ses membres qui indubitablement finissent par être des référentiels pour la société.
Chercher à bâillonner les églises et imposer des règles qui ne participent pas à leur épanouissement pourrait assurément régler les problèmes souterrains cachés à tous par ceux qui gouvernent mais une bombe à retardement sur le court terme.
Ainsi, ravir à l’église son rôle moralisateur et d’autorité spirituelle, quel que soit les motifs, ne peux garantir notre sérénité à tous demain et ce malgré la présence de la baïonnette ou de la matraque car l’homme est avant tout spirituel.
Finalement, créer une injustice entre les différents groupes d’une nation n’est qu’une solution cosmétique qui ne traite pas les problèmes dans le fond. L’histoire nous enseigne qu’on ne règle pas un problème en créant un autre plus grave pour le long terme. Les gouvernants gagneraient à ordonner la réouverture des lieux de culte pour la sécurité de tous sans toute autre forme de préalable qui les met en déphasage avec leur déclaration éternelle : ”Force reste à la loi, rien qu’à la loi”.
Roland OLOUBA OYABI