Le Révérend Prophète Max Alexandre Ngoua, Chevalier dans l’ordre National du Mérite gabonais, s’est entretenu avec la presse, ce samedi 30 avril 2022 au Centre missionnaire les Conquérants, autour d’une conférence-débat le “Marché des pièces détachées du corps humain au Gabon” afin de présenter son modus operandi pour éliminer ce phénomène qualifié de crimes rituels.
Contrairement à d’autres leaders d’église, le Prophète Max Alexandre Ngoua a décidé de dénoncer le phénomène des crimes rituels qui a resurgi depuis un certain temps dans notre pays.
Dans une démarche scientifique, l’homme d’église, par ailleurs sociologue des religions, a déclaré qu’il y a “une sorte d’institutionalisation des crimes rituels dans notre pays”. Pour preuve, des crimes rituels, des enlèvements et le trafique des organes sont restés sans aucune arrestation, ni condamnation. Ce climat de psychose est entretenu par les politiques, les sportifs, les musiciens, la grande muette, les familles et bien d’autres. On assiste tout simplement à une prolifération des crimes non punis.
Pour le Prophète, l’avènement de la démocratie au Gabon a brisé l’Union sacrée qui est l’une des triptyques de la devise gabonaise. De ce fait, l’autre va disparaître. C’est ainsi que le marché des ventes des parties du corps humain va naître. Il n’y aura plus l’autre qui est mon alter ego, mon soutien, mais l’autre vu sous le prisme d’une viande, donc d’une marchandise. C’est le début des crimes rituels ou crimes de sang.
Cette réalité va être facilitée par le système de stratification sociale des politiques qui va donner naissance à des couloirs de mobilité sociale. Partant de cette réalité, l’autre sera automatiquement exclu dès lors où il n’appartient pas à notre ethnie, à notre village, notre cercle ésotérique, notre parti politique. On parle de lien “frater”, la méritocratie n’est plus de mise.
Dès lors où vous ne faites pas partie de ces cercles vous n’êtes rien malgré vos compétences, votre expertise ou vos qualifications. On assiste à la naissance des vauriens, des parias.
Ce système orchestré sciemment donne naissance à une légion des pauvres, notamment les veuves, les retraités, les étudiants sans bourses, les diplômés sans emploi, les entrepreneurs endettés, les journalistes qui deviennent des journaleux, la jeunesse devient clocharde à la suite d’un échec scolaire. Pour mieux institutionnaliser ces pauvres modernes, on parle des Gabonais économiquement faibles, un statut moins dévalorisant mais qui revoie à la pauvreté abjecte.
La suite logique de ces citoyens pauvres est d’etre soit victimes, soit prédateurs ou chasseurs.
Les parties du corps humain sont généralement prélevées dans la douleur avant le soupir final.
Il y a donc plusieurs bénéfices procurés par les différents rituels. Il s’agit de l’extraction des organes comme les seins signent d’abondance ; le pénis signe d’art oratoire ; le vagin signe de virilité et d’emprise sur l’entourage ; la langue signe d’emprise envers tout le monde coûte que coûte ; les mains, le front, l’acte sexuel et la nourriture dévitalisent les Hommes ; les oreilles pour entendre partout ; les dents pour la férocité et la bravoure ; le crane pour la voyance ; les cheveux pour la puissance et la force, le sperme et le sang pour la régénération et la longue vie.
Dans cette conception des choses, on assiste alors à trois types de corps: le corps objet, le corps marchand et le corps fétichiste.
Les victimes sont souvent entraînées dans les zones du Cap Esterias, Ndjole, Mindoumbe.
Pour véritablement mettre un terme à cela, le président de la République Ali Bongo Ondimba avait déclaré en 2013 qu’il fallait que les responsables soient sanctionnés. C’était alors une reconnaissance de l’existence du phénomène.
En 2023, cela fera 10 ans que le président de la République a parlé de la situation des crimes rituels comme une préoccupation nationale.
Le Prophète propose dans cette même veine d’un arrêt véritable des crimes rituels au Gabon la création de l’Office nationale de lutte contre les crimes rituels et de sang, la construction d’un monument à l’honneur des victimes, le plaidoyer pour l’impartialité de la police et de la justice, le renfoncement des patrouilles avec la police de proximité, l’incarcération des commanditaires, les Eglises doivent davantage sensibiliser dans leurs prédications, l’organisation des colloques, des forums avec les ONG et la société civile, faire des spots de sensibilisation.
Dans tous les cas, il s’agit d’une voix autorisée qui se lève contre cette pratique dégradante dans notre pays.